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Hortefeux, ministre du Travail ? Non à la confusion des genres !

La rumeur et les pronostics vont bon train. Avec le départ du gouvernement de Xavier Bertrand, celui qui serait le mieux placé pour lui succéder serait Brice Hortefeux, actuel ministre de l’Immigration et de l’Identité nationale. Si cela devait se réaliser, ce serait pour nos organisations syndicales une véritable provocation.

Dès son arrivée au ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale, Brice Hortefeux a tenté de faire adopter un décret permettant d’affecter des inspecteurs et des contrôleurs du travail à son ministère. Sous couvert de renforcement de la lutte contre le travail illégal, c’est en réalité bien la chasse aux sans-papiers exploités illégalement qui était l’objectif premier. La mobilisation des syndicats de l’Inspection du travail avait réussi, à l’automne 2007, à faire échouer cette mise sous tutelle.

En novembre 2007, Brice Hortefeux se réjouissait de l’augmentation du nombre de contrôles conjoints de la police, de la gendarmerie, de l’URSSAF et de l’Inspection du travail. En 2007, les interpellations de travailleurs sans titre de séjour auraient ainsi progressé de 60% dans le cadre d’opérations "coup de poing ". Pour Hortefeux, la lutte contre les travailleurs sans-papiers participe donc bien de la politique de reconduites massives à la frontière pour satisfaire à l’objectif de 27000 expulsions annuelles.
Pour nos syndicats, le rôle de l’Inspection du travail est de faire respecter le droit des salariés, qu’ils soient français ou étrangers, avec ou sans-papiers. Au-delà de l’action de contrôle de l’inspection du travail,la meilleure et la seule manière pour un gouvernement, de faire respecter les droits des salariés étrangers sans titre de travail ou sans titre de séjour contre l’arbitraire patronal est la régularisation, comme l’ont montré les récentes mobilisations de travailleurs sans-papiers.

Certes, Xavier Bertrand n’a pas tergiversé dans son soutien à la lutte contre le travail illégal façon Sarkozy et consorts. Nous ne regretterons pas ce ministre qui a parfaitement su incarner la poursuite de la politique de casse du Code du Travail, la destruction du service public de l’emploi, la mise au pas de l’inspection du travail et plus généralement le démantèlement des protections sociales.

Il n’est pas non plus dans nos habitudes de commenter les bruits qui courent sur les nominations d’untel ou d’une telle à des postes ministériels ou de prétendre influencer sur le choix des ministres. Avant les personnes, ce sont les lignes politiques et les décisions gouvernementales que nous combattons, et bien souvent la personnalité des ministres ne change pas vraiment la donne.

Mais avec Hortefeux, c’est un symbole particulier qui cherche à s’inviter dans notre ministère. Avec la nomination, si elle se confirmait, de celui qui a l’obsession du nombre d’expulsions, il y a quelque inquiétude à avoir, particulièrement quant aux droits des salariés étrangers et à l’orientation donnée à la lutte contre le travail illégal. Nous craignons, dès lors, l’assimilation, dans l’esprit des salariés, de nos services à la politique menée jusqu’ici par ce ministre.

Le ministère du Travail ne doit pas être un « passage obligé » pour des politiciens en quête de « compétences sociales » dans leur plan de carrière...

Potentiellement dangereuse et très certainement déplorable dans ses objectifs, la nomination de Brice Hortefeux comme ministre du Travail et des Affaires sociales serait, au choix, un mauvais gag ou un sale coup.

Paris le 13 janvier 2009


Article publié le jeudi 15 janvier 2009